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  • Перовский — графу Нессельроду К. В., 19 апреля 1823 г.

    Перовский Н. И. Письмо графу Нессельроду К. В., 19 апреля 1823 г. // Батюшков К. Н. Сочинения: В 3 т. — СПб.: П. Н. Батюшков, 1885—1887.

    1887


    ’empresse de vous informer de la réception de votre lettre en date du 4 avril, par laquelle vous me faites savoir les ordres de l’Empereur au sujet de M-r Batuchkof, et sans perdre un instant j’ai fait les dispositions nécessaires pour les exécuter. Son état n’a fait qu’empirer, et j’ai eu bien de la peine à le conserver jusqu’à présent. Il a fait plusieurs tentatives, mais qui heureusement ont été détournées par les mesures que j’ai prises. Il a voulu se jeter par la fenêtre, il a cherché à s’évader, il a demandé à differentes reprises que je lui fasse rendre son épée, que je lui donne des rasoirs pour se faire la barbe, mais voyant que tout cela ne réussissait pas, il a cherché à ravoir sa liberté en me rendant responsable des souffrances par les quelles il terminerait ses jours, puisque je ne voulais pas lui laisser la liberté de le faire de la manière la moins douloureuse, car sur cet article il est demeuré impérturbable, et je lui ai déclaré que tant qu’il persisterait dans ce projet, je devais absolument employer tous les moyens qui étaient en mon pouvoir pour l’en empécher. En attendant, m-r Mulhausen n’a cessé de le voir, et il a toujours insisté auprès de lui pour qu’on le laisse entièrement libre, mais toujours dans la ferme résolution de se détruire; je lui ai proposé de le faire raser, mais il a refusé disant qu’il voulait qu’on lui donne des rasoirs, ainsi il est resté avec sa barbe. Je vous avoue, monsieur le comte, que n’ayant aucun moyen de le soulager, ni même de prévenir complétement un malheur, j’ai cherché autant que possible à gagner du temps par des voies de persuasion inutiles avec un homme dans son état et par une surveillance d’autant plus difficile, qu’il ne devait point s’en apercevoir, pour ne pas l’irriter d’avantage. Enfin, grâce à Dieu, jusqu’à présent je l’ai conservé! Ce qui vous prouve à quel point il est dérangé, c’est que non seulement il n’a pas songé à se rendre à l’ordre qu’il a reçu de vous, mais qu’il a fait sentir, que personne ne pouvait le faire changer de résolution. Après avoir songé aux moyens de remplir les intentions de Sa Majesté, je me suis trouvé bien embarrassé, car c’est une chose si difficile et si délicate à exécuter, que je n’ai pu trouver personne qui puisse s’en charger. Je me suis donc décidé à engager le docteur Lang, inspecteur de la faculté de médecine du gouvernement. Quoique cet homme laisse ici une nombreuse famille et que cela pourra le déranger dans ses affaires, cependant tant par humanité que par son dévouement pour tout ce qui peut être agréable à notre Souverain, il s’est laissé persuader, et certainement il n’y a que lui içi qui puisse remplir cette tâche, et je vous avoue, monsieur le comte, que c’est avec une grande impatience, que j’apprendrai son arrivée, car il aura bien des difficultés à vaincre. Dieu veuille que cela finisse heureusement! Dans tous les cas je suis certain que rien de son côté ne sera négligé. Comme il n’est que trop juste, qu’il ne souffre en aucune manière de ce dévouement, je lui ai avancé pour ses propres dépenses 1,000 r. et je lui ai donné en outre 3,000 r. pour le voyage dont il rendra compte, je lui ai donné deux hommes pour l’aider, qui ont aussi du droit à la reconnaissance des parents et amis de m-r Batiouchkoff. J’ai emprunté cette somme de 4,000 r. des sommes que j’ai à ma disposition, et j’espère que vous voudrez bien me la faire rembourser immédiatement pour que ce déficit ne puisse pas me mettre dans quelque embarras. Je saisis cette occasion, monsieur le comte, pour recommander à votre bienveillance particulière le docteur Lang qui l’a mérité à tout égard, il est connu de Rehmann, avec lequel il a étudié. Après avoir fait ces dispositions il ne me reste plus qu’à faire des voeux pour l’heureuse arrivée de m-r Batuchkof et sa guérison, heureux d’avoir pu contribuer de tous mes moyens à sa conservation. J’ai la consolation d’avoir fait ce qui dépendait de moi, le reste est réservé à la Providence.

    ’ai l’honneur d’être avec un profond respect, monsieur le comte, de votre excellence le très humble et très obéissant serviteur N. Peroffsky.